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Zoom Afrique du 11 juillet 2024

Les titres de la rédaction :

  • La Guinée approuve un prêt de 65 millions $ pour l’accès à l’électricité
  • RDC : Kinshasa entre dans le classement mondial des meilleurs écosystèmes start-up
  • Éthiopie : hausse de 10 % des recettes d’exportation de café en 2023/2024
  • Le gouvernement autorise la construction de la plus grande mine d’or de Côte d’Ivoire

Les analyses de la rédaction :

1. Accord sur les migrants : le Royaume-Uni finance un Rwanda en guerre avec la RDC 

Le Rwanda a fait savoir mardi que l’accord sur les migrants conclu avec le Royaume-Uni, mais abandonné par le nouveau gouvernement britannique de Keir Starmer, ne prévoyait pas le remboursement des fonds déjà versés par Londres. 

Dans une déclaration à la télévision d’État reprise par Mediapart, le porte-parole adjoint du gouvernement rwandais Alain Mukuralinda, a soutenu que "l’accord que nous avons signé ne stipulait pas que nous devrions rendre l’argent". 

Le nouveau Premier ministre britannique, Keir Starmer, avait indiqué samedi dernier qu’il n’était "pas prêt" à faire sien le projet du précédent gouvernement Sunak d’expulser des migrants au Rwanda. 

Ce projet "était mort et enterré avant même de commencer. Il n’a jamais été dissuasif (…), je ne suis pas prêt à continuer avec des mesures gadget", avait souligné le locataire de 10 Downing Street lors d’une conférence de presse tenue à l’issue du premier conseil des ministres du gouvernement travailliste. 

Avant son accession au pouvoir, Keir Starmer avait déjà annoncé son intention d’enterrer ce projet controversé des conservateurs, lancé en 2022 mais qui n’a pas été mis à exécution. Il consistait à expulser des migrants ou demandeurs d’asile arrivés illégalement sur le sol britannique vers le Rwanda, sans possibilité de retour au Royaume-Uni. 

Cependant, Londres a déjà versé près de 240 millions de livres sterling au Rwanda en 2023, selon la BBC. 

Ce projet controversé a suscité de vives critiques au sein même du gouvernement britannique. Beaucoup savaient que l'accord était voué à l'échec dès le départ, et que malgré cela, une somme considérable d'argent a été octroyée au Rwanda. 

"Que ce soit clair, le remboursement de l’argent n’a jamais fait partie de l’accord", a insisté Alain Mukuralinda. 

Il a rappelé que Londres avait demandé à Kigali un partenariat, qui avait fait l’objet de "discussions approfondies". 

"L’accord a été soumis aux tribunaux et a même été amendé après les résultats des tribunaux", a souligné le porte-parole adjoint du gouvernement rwandais, selon Mediapart. 

Et d’ajouter : "Il a été soumis au Parlement et est finalement devenu un traité entre les deux pays. Un traité prévoit une clause de sortie." 

De plus, il est crucial de noter que le Rwanda est actuellement en conflit direct avec l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC). Kigali est accusé de perpétrer des massacres de civils dans cette région par l'intermédiaire du mouvement M23. Ainsi, en fournissant une somme aussi importante au Rwanda, le Royaume-Uni se retrouve indirectement ou peut-être directement complice dans cette guerre. 

Donc, l'accord controversé entre le Royaume-Uni et le Rwanda sur le transfert de migrants vers le pays africain suscite de nombreuses questions et critiques. Au-delà des aspects humanitaires et logistiques, certains observateurs soulèvent des doutes sur les motivations réelles des parties prenantes. 

Le versement de millions de livres sterling par le Royaume-Uni au Rwanda en échange de l'accueil des migrants alimente les soupçons. Certains y voient un moyen pour le Royaume-Uni de détourner des fonds vers le renforcement de l'armée rwandaise, notamment dans le contexte du conflit au Nord-Kivu et du soutien de Kigali au mouvement rebelle M23. 

Cette hypothèse est renforcée par les propos d'experts qui évoquent la possibilité que l'accord migratoire serve également de couverture pour le recrutement de combattants supplémentaires par le Rwanda. L'opacité des procédures et le manque de transparence quant à la destination réelle des fonds versés à Kigali nourrissent ces interrogations. 

Le sort des migrants transférés au Rwanda reste flou. Les conditions de leur accueil et d'intégration soulèvent des inquiétudes quant au respect de leurs droits fondamentaux. Des questions subsistent sur leur accès à une procédure d'asile équitable, à des soins de santé adéquats et à des opportunités de vie dignes. 

L'éloignement des migrants de leurs familles et des réseaux de soutien existants dans le Royaume-Uni suscite également des préoccupations. Le risque d'isolement et de vulnérabilité accru pour ces personnes fragilisées ne doit pas être négligé. 

L'accord migratoire entre le Royaume-Uni et le Rwanda cristallise des tensions et des enjeux géopolitiques complexes. Les critiques dénoncent une externalisation de la gestion migratoire par le Royaume-Uni au détriment des droits humains et de la stabilité régionale. 

L'instrumentalisation potentielle de cet accord pour servir des intérêts militaires et géostratégiques alimente les craintes d'une instrumentalisation des migrants à des fins politiques. La situation requiert une vigilance accrue. Surtout que maintenant, et grâce à ces fonds notamment obtenu par le Royaume-Uni, Kigali se dit même prêt à entrer en guerre direct avec la RDC. Alors que la Communauté internationale continue de préserver les sanctions sur les armes à la RDC, le Royaume-Uni octroi carrément des fonds pour que le Rwanda continue les massacres dans l’Est de la RDC. 

L'accord migratoire Royaume-Uni-Rwanda soulève donc beaucoup de question qui ne peuvent être ignorées. Il est crucial d'exiger des réponses claires et transparentes de la part des parties prenantes et de garantir que les droits des migrants soient respectés. Mais cela amplifie aussi la remise en question quant aux réelles intentions de cette fameuse Communauté internationale, ou plutôt, Communauté occidentale, qui continue de fermer les yeux concernant la majorité des massacres dans le monde et qui plus est, se rend directement complice. 

2. Niger : Orano au bord du gouffre : la suspension des exportations d'uranium met l'entreprise en péril 

La Somair, filiale du français Orano au Niger dont les exportations ont été suspendues, connaît de "graves difficultés financières".  

Orano S.A. au Niger est encore plus acculée : suite au retrait d’un de ses permis d’exploitation d’uranium fin juin et à la fermeture de la frontière entre le Niger et le Bénin il y a un an, la filiale d’Orano au Niger, Somair, ne peut plus exporter l’uranium qu’elle produit. Cette impossibilité d’écouler le minerai nigérien a eu un impact significatif sur la trésorerie de la société, ce qui a inquiété cette dernière. La Somair (Orano détient 64% de la société) connaît de "graves difficultés financières". 

Le minerai était habituellement exporté par le corridor terrestre à travers le Bénin et exporté vers les différents clients de la société via le port de Cotonou. La fermeture de la frontière a effectivement stoppé ces exportations et RFI a appris que la société française a proposé des mesures alternatives aux autorités nigériennes, comme le transport aérien vers la France ou la Namibie, mais selon Orano, aucune réponse officielle n’a été reçue. 

En effet, selon Orano, 750 tonnes de minerai, soit plus de la moitié de la production de l’année dernière, sont actuellement stockées et ne peuvent être vendues. Les conséquences financières importantes de cette situation sont encore en cours d’évaluation. 

La trésorerie de la Somaïr est à la peine pour maintenir le paiement des salaires de ses 1 400 collaborateurs et le maintien de l’outil industriel. Pour financer cela, elle pioche dans ses réserves destinées à la remise en état du site à l’issue de sa période d’exploitation. Elle estime ne pouvoir tenir que quelques mois tout au plus dans ces conditions sous peine de devoir prendre des "mesures sociales". 

Autre difficulté pour l’entreprise, l’achat et l’approvisionnement de réactifs pour le traitement du minerai dans l’usine sur place. 

Ces dernières semaines, les autorités nigériennes ont successivement retiré deux permis d’extraction d’uranium à l’entreprise française et à la canadienne Goviex. Le Niger a souffert des sanctions prises par la CEDEAO suite au coup d’État et les autorités doivent également faire face aux pressions de la société civile qui attend les retombées du secteur extractif. Le CNSP mène donc une politique très active de reprise en main de ce secteur clé, affichant notamment sa volonté de « souveraineté nationale » sur ses ressources minières. 

3. CEDEAO: où était Patrice Talon ? 

Fin de l’activisme diplomatique sur le plan sous régional pour Patrice Talon ? [N'est en droit de se poser cette question après la brillante absence du président béninois à la 65ème session ordinaire de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) tenue le 7 juillet dernier à Abuja au Nigéria]. À quelques heures de cette réunion des chefs d’État de la communauté, la presse béninoise annonce simplement que l’actuel patron de la Marina sera représenté par son ministre des Affaires étrangères. 

À en croire la presse locale, le chantre de la rupture était déjà absent du territoire national. Au lendemain du Conseil des ministres du mercredi 3 juillet, l’homme fort de Cotonou se serait envolé vers Paris. Officiellement, aucune communication n’a été faite autour de ce voyage qui intervient à quelques jours d’une réunion importante pour les chefs d’Etat de la Communauté économique ouest-africaine. Pourquoi Patrice Talon a-t-il fait ce choix ? S’il est vrai qu’il n’était pas tenu d’être présent à cette rencontre, il avait montré il y a quelques mois, beaucoup d’intérêts aux activités de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).  

Peu avant le coup de force intervenu au Niger, il avait été mandaté par ses pairs de la sous-région pour restaurer le climat de confiance entre Assimi Goïta, Mamadi Doumbouya, Ibrahim Traoré et la CEDEAO. La décision avait été prise le 18 juillet 2023 au cours d’un mini-sommet tenu à Abuja alors que Bola Tinubu venait d’être investi dans ses fonctions de président du Nigeria et par ailleurs nouveau président en exercice de la CEDEAO. Puis le coup d’État au Niger est intervenu et le Président Talon avait été désigné médiateur. Alors que plusieurs médias avaient annoncé que Talon était en route pour Niamey, il ne s’est finalement pas rendu à Niamey pour échanger avec les nouvelles autorités après son détour à Abuja où il a tenu des propos durs suite au coup de force.  

"La situation est suffisamment préoccupante pour que la CEDEAO et Tinubu, le président du Nigeria, voisin du Niger, avec le Bénin, voisin du Niger également, nous prenions la chose au sérieux et agissions rapidement. Je crois que tous les moyens seront utilisés, au besoin pour que l’ordre constitutionnel soit rétabli au Niger, mais l’idéal serait que tout se passe dans la paix et dans la concorde donc les actions de médiations seront renforcées ce soir même pour que cette situation s’arrange dans la paix", avait déclaré le Président Talon.  

Par la suite, la CEDEAO a imposé des sanctions contre le Niger qui ont été suivies par le Bénin. Les autorités nigériennes ont par la suite reproché au numéro un béninois d’avoir soutenu la position des dirigeants de la CEDEAO après le coup de force ayant renversé l’ancien président Bazoum. Cette situation a été décisive par la suite pour les relations entre le Bénin et le Niger.  

La situation du Niger a-t-elle été à la base de cette absence de Patrice Talon à Abuja ? A-t-il pris la décision de s’éloigner un peu de ses pairs qui l’ont abandonné face au Niger ? En d’autres termes, l’actuel homme fort de la Marina serait-il en froid avec les autres dirigeants de la CEDEAO ? Autant de questions qu’on pourrait se poser dans un contexte où les autres présidents de la CEDEAO sont restés assez loin de la crise entre le Niger et le Bénin. Certains pays comme le Togo, ont d’ailleurs essayé de tirer profit de ce conflit. Lomé s’est davantage rapproché de Niamey malgré les sanctions communes prononcées par les chefs d’État. Dans plusieurs secteurs avec le Niger, le Togo tente de remplacer le Bénin.  

Le Niger a annoncé son intention d'utiliser l'oléoduc du Tchad pour exporter son pétrole brut vers le marché international, abandonnant ainsi son itinéraire traditionnel via le Bénin. Ce changement fait suite à des tensions croissantes entre les deux pays, qui ont perturbé les flux pétroliers par le pipeline béninois. 

La décision a été officialisée lors d'un conseil des ministres nigérien le 24 juin 2024. Selon le Premier ministre nigérien, Ali Lamine Zeine, l'utilisation du pipeline tchadien "permettra de sécuriser et d'optimiser les revenus pétroliers du pays". 

Cette nouvelle route d'exportation pour le pétrole nigérien implique la construction d'un pipeline de 600 km reliant les champs pétrolifères de Zinder au pipeline tchadien à Sedina. Le projet est estimé à un coût de 100 milliards de francs CFA (environ 150 millions d'euros). 

Le Tchad a déjà exprimé son soutien à la proposition et les deux pays ont convenu de créer un comité conjoint pour étudier les détails du projet. 

L'abandon du pipeline béninois par le Niger est un coup dur pour le Bénin, qui dépend des revenus de transit pétrolier pour son économie. Les relations entre les deux pays se sont tendues ces derniers mois, notamment en raison d'un différend frontalier et de questions de sécurité pour le Niger. 

Le changement d'itinéraire d'exportation du pétrole nigérien aura des implications régionales importantes. Cela pourrait reconfigurer les flux commerciaux dans la région et avoir un impact sur les économies du Niger, du Tchad et du Bénin. 

Pour l’heure, le président Patrice Talon a considérablement diminué ses sorties médiatiques sur la situation avec le Niger. Les coulisses de la médiation que pilotent les anciens présidents ne sont pas connus du public. Aucune information réelle n’a filtré de la rencontre entre les trois personnalités. Patrice Talon a-t-il fait le choix de la discrétion désormais ? L’avenir nous le dira. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV